C’est une flamme éternelle malgré tout !
Dieu a créé le monde et y a mis les hommes. Les hommes ont habité le monde habitable, les merveilleuses vallées vertes enchantées des bruits d’eau en contrepoint des sifflets d’oiseaux. Ils ont construits des palais, ont prélevé tout ce qu’ils pouvaient de l’environnement, ont asservi d’autres hommes et adopté de mauvaises mœurs. Un jour que Dieu ne pu contenir sa colère, il provoqua le déluge.
Le nouveau déluge, aujourd’hui, est de caoutchouc et de plastique. Voici le nouveau monde que l’artiste, néo Dieu, donne aux hommes de Paris comme une préfiguration du futur, en espérant que persiste une flamme éternelle. Dans une monumentale installation d’une l’horreur sombre et ténébreuse, puant l’odeur vénéneuse et entêtante de la mort, malgré tout, les hommes réussissent à vivre. Ils chantent, ils lisent, ils célèbrent, ils créent des objets dérisoires en polystyrène.
Les murs de pneus sont une mémoire collective constellées de souvenirs de visages flous, déclinants. La mémoire est le lieu d’un drame permanent car elle s’efface sans cesse. Les hommes sont obligés de la restaurer à chaque instant et en transforme immanquablement une partie. Ainsi le passé s’éloigne inexorablement.
Sur les murs de pneus, de grands panneaux de carton, imitant les réclames d’antan, affichent des mots dans une sorte de poésie généralisée qui, en bruit de fond, diffuse une énergie vitale. Cette poésie omniprésente et vivante n’a pas de poètes attitrés. Elle exsude de tous les hommes dès qu’ils vivent. J’avais constaté cela en Laponie, dans les Iourtes au plus fort de l’hiver, elle est présente partout, ce qui prouve que les hommes y vivent. A vrai dire, Il faudrait tuer les poètes attitrés, ils n’ont réussi qu’à anéantir la poésie.
Au final, c’est elle la flamme éternelle qui permettra aux hommes de survivre à tout.
La flamme éternelle est une œuvre performance de Thomas Hirschhorn