Sur invitation – un texte de Marie-Pierre Panzani

Ma meilleure amie savait que j’avais toujours eu une grande passion pour la Cathédrale Notre Dame. Elle m’avait mis en relation avec un de ses amis, professeur d’histoire, spécialiste du monument.

J’avais rendez-vous sur le parvis de la Cathédrale avec ce vieux monsieur que je ne connaissais pas encore. Arrivée en avance, comme à mon habitude, je le cherchais des yeux, en vain.

A l’heure dite, je l’appelais au téléphone afin de le repérer. Il me répondit : « je suis à droite du pilier nord »… « Je ressemble un peu à Quasimodo », ajouta-t-il. Je répondis avec ironie : « et moi à Esmeralda ». Cela ne me plaisait pourtant pas, car ces deux personnages représentaient les deux facettes opposées de la Liberté.

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Je m’approchais du Pilier nord. La façade m’écrasait de sa légèreté et de sa beauté. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’avait pas retrouvé ses couleurs originelles après rénovation.

Arrivée sur place, personne. Je le rappelais au téléphone. Il me répondit que, ne me voyant pas, il était entré à l’intérieur. J’étais un peu excédée, mais je le suivis. Je passais au contrôle de sécurité, ôtais mon bonnet, et pénétrais à dans la Cathédrale.

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La pénombre et les parfums d’encens me tiraient vers les perspectives de pierre comme découpées en dentelle. Je devais cependant rester sur terre et chercher des yeux le vieux bonhomme au milieu des touristes. Rien a l’horizon ! Je saisis à nouveau mon téléphone et le hélais. Il me répondit que ne me voyant pas, il était allé à ma recherche au fond de la Nef.

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J’étais en colère, s’il ne m’attendait pas, cette fois-là, je menaçais de partir. Je traversais la Nef d’un pas rapide qui, cependant, s’immobilisa  presqu’inconsciemment, arrivé au Transept. Je n’ai jamais pu résister à la beauté des deux imposantes rosaces qui filtrent, de leurs images pieuses, la lumière et participent de préserver la pénombre si nécessaire aux mystères spirituels. Mes esprits revenus, je me remis en route d’une allure décidée.

Je repérais près d’un pilier un homme beaucoup moins vieux que l’avait décrit mon amie. Il me fixait, je compris que c’était lui et qu’il devait avoir eu ma photo.

J’étais remontée contre mon amie. Je m’approchais pour connaître le fin mot de cette histoire. La première chose qu’il me dit, fut : « Voyez-vous, c’est, appuyé contre ce pilier que Paul Claudel, une nuit de 25 décembre, a reçu la révélation ».

Ce n’était pas Quasimodo, je n’étais pas Esmeralda. Bien que je savais que mon amie voulait que je rompe ma solitude, qui, somme toute, m’allait bien, je ne voulais pas me prêter à un jeu que je trouvais stupide.

Je partis après avoir été très désagréable, autant que j’en suis capable. La suite me donna tort car nous devînmes, après cette aventure, les meilleurs amis du monde.

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